[Nhane et Domino] On sonne

La jeune felyne dormait, pour une fois, d'un sommeil imperturbable. Il lui avait quand même fallu, pour obtenir ce résultat effarant avaler une double dose d'imuléine qui de ce fait la laissait sans plus la moindre capsule. Mais pour dormir ces derniers temps, il lui fallait bien ça. Domino rêvait même. Des rêves de félin, plutôt curieux. Dans une pièce toute bleue éclatante, irisée de rose, elle déambulait avec ce qui aurait pu passer pour un Nhane en sorte de pâte à mâcher mauve et qui bloblotait des choses incompréhensibles ressemblant furieusement à un essaim de bestiole Malaxianes.

BZZZZ BZZZZ

Dans ses rêves le Nhane - pâte à mâcher se recroquevillait sur lui même pour ressembler davantage maintenant à la moitié de ferrailleur qu'ils avaient croisés la veille au soir, sans pour autant cesser d'émettre ses infernaux bzzbzztements. Avec son sang froid habituel et sa gracieuse patience infinie, la jeune félyne conseilla avec une amabilité toute Sharielienne d'aller gentiment se faire foutre s'il ne voulait pas se manger un coup de patte postérieure.

BZZZZZZZZZZZZZZZ

Bang !

Aïe. Désormais bien réveillée, Domino émergea des draps avec la tête de quelqu'un prêt à massacrer le premier quidam qui aurait le malheur de poser les yeux sur elle. Elle avait mal au pied du coup, et ce sans avoir la satisfaction d'avoir fait mal à la paroi de la pièce. Pff quel rêve tordu... Plus jamais deux capsules d'un seul coup... Désormais assise sur le matelas, elle se massait les tempes pour s'éclaircir les idées quand retentit une fois de plus l'insolent sifflement.

BZZZ BZZZZZ

Trainant des pieds sans prendre la peine de s'habiller, Domino émergea dans le couloir, arrachant le post-it au passage sans prendre la peine de le lire, sachant par avance les consignes que Shariel aurait laissée derrière elle. Pas encore bien réveillée elle tatonna encore un peu pour ouvrir l'intercom en liaison extérieur avant de lâcher de l'air aimable d'un orc, un...:

...outu com de merde. Ouais ? S'pour quoi ?

À six heures du matin, pas un chien, pas un chat. Y a jamais personne, pense la féline, en refermant la porte du Cerberus. Le petit mot leur plaira, mais ils ne seront pas debout devant trois heures. Ils ont besoin de leur dix heure, que voulez-vous... puis hier a été une journée assez dure, et longue surtout. Courir dans Tacos après un petit malfrat qui n'a pas mit cinq secondes à résister sous les coups de poings de Nhane. Pitoyable. C'est de la traque facile. On court plus qu'on ne frappe. C'est ridicule, mais ça nourrit. C'est pas que, mais les payes sont irrégulières, alors un peu de beurre dans les épinards en fin de mois, c'est bien. Elle regarde le métro, vide. Les gens forment encore. C'est le meilleur moment. Elle se cale sur un siège, sans un mot. Il y a un drogué à l'autre bout du métro. Elle le regarde, a un sourire moqueur, et retourne la tête. Le métro démarre.



Huit heures et demi. Les rues sont bondés de monde, et ces derniers ne connaissent visiblement pas la souffrance qu'inflige leur odeur corporel à l'odorat de la féline. Elle ne dit rien, elle ronchonne dans ses moustaches et avance à pas de velours dans les couloirs. C'est agaçant cette façon qu'ils ont d'être innocent avec elle. Elle sait bien, pourtant, qu'il faut être discret, mais... tout de même. Elle entre dans un énième bar. Il y a deux tas, deux ivrognes au bar, rouge comme le proto-liquide qu'ils ingurgites. Du vin coupé avec de l'eau, oui. Huit heures et demi et déjà ils tiennent plus debout. Merci Mutha? Pas sûr. Elle se dirige vers le barman, l'air de rien elle a un joli minois. On peut noter ses grands yeux avant ses longues oreilles, mais on note bien plus rapidement ses pattes et ses griffes, sorties – toujours – et ses crocs, fins et blancs. Elle commence à discuter avec lui, parle d'affaire. C'est dur en ce moment. Les Inquisiteurs ruinent pas mal d'arrangement, et beaucoup de mercenaires ont été arrêter. Ils ne reviendront pas : c'est le risque du métier. Elle a un petit rire et hausse les épaules – l'air de rien, toujours.

« C'est dommage qu'il n'y ait pas plus de travail, tout de même... même pour les mercenaires, c'est dur, pour vous dire. »
« Mercenaire ? Pas de ça ici … on prend pas le risque de se foutre la flicaille à dos. » Elle hoche la tête, mais intérieurement, elle se retient de lui faire manger ses dents.
« C'est vrai que ça traîne pas mal... bon, c'est pas tout, mais c'est l'heure. »
« Le travail appelle, héhé. » Elle le regarde, arque un sourcil puis finalement a un petit rire, et murmure :
« Si seulement... »

Elle sort du bar. Encore un échec. Et à chaque fois, elle boit un verre. Chimique à bulle, goût de fleur disparue depuis des siècles. Un Koka qu'ils disent. Ça a bon goût, mais c'est mauvais pour les intestins, elle en ait sûr. Elle se dirige d'un pas traînant vers le dernier bar de sa liste. Décidément, soit elle a pas de chance, soit elle aurait du mettre un décolleté. C'est pas gagné. Avec son collier autour de cou, elle ressemble à un reprise de justice. Elle a été sergent, dans l'aérospatial. Il y a longtemps... sans doute un peu trop. Elle pousse la porte et s'effondre sur le siège, au bar. Il n'y a personne ici, juste un gars au large chapeau noir, qui dort, dans un coin. Elle arque un sourcil en voyant le barman s'avançait vers elle et plisser les yeux, comme s'il cherchait quelque chose sur elle.

« Vous... je sais. » Elle ouvre la bouche mais il la lui clou, presque aussitôt. « Des gens qui cherchent des mercenaires privés ? Ça existe ouais y parait … mais pas vu depuis qu’un inquisiteur est venu arrêter (à seulement deux maison d’ici) le patron du petit commerce. »
« Arrêter? Mais... » Elle geinds presque, il la regarde, désolé.
« Je sais, je sais. Mais ces inquisiteurs... »

Elle soupire, presque désespérée. Décidément, elle aura usé tout l'argent récolté pour la « recherche de client » en une matinée. Vraiment pas gagné. Sans compter qu'elle est presque sûr que Nhane et Domino auront fait exploser le vaisseau quand elle rentrera... elle dit ça à chaque fois, mais ce matin, c'est la poisse, alors elle en est sûr. Le barman la regarde, désolé pour elle. Elle le regarde, et ne sait pas si elle doit être en colère qu'il soit pris de pitié. Elle plonge sa patte dans sa poche et en ressort un bout de papier. Un numéro? Elle arque un sourcil, regarde autour d'elle, mais rien. Personne. Et ce matin, en sortant, elle n'avait pas ce... bout de papier... Pas question de s'attarder sur les détails, elle doit appeler ce numéro, et au plus vite. Elle sort du bar. Huit heures quarante trois. À neuf heures, elle doit être de retour au vaisseau, histoire de voir si le Cerberus est bel et bien un débris ambulant ou quelque chose du genre. Elle reprends le métro, qui est bondé. Encore. Et les odeurs, c'est pire. Un cent visage est devant elle, il sent le mort – dans tous les sens du terme. Elle le pousse et il râle, mais elle n'en a rien à faire. Pas question qu'elle sente comme eux quand elle rentrera au vaisseau. Elle s'extirpe du métro, griffant au passage les plus collants, et marche rapidement vers la passerelle. La passerelle qui s'éternise vers un escalier. Quelques pas. Elle ralentit le pas, jette un œil. Le vaisseau est étrangement silencieux... et entier... pas bon signe. Pas bon signe du tout. Elle se met à courir, vite, paniquée. Pas possible! Ce sale petit malfrat de merde aurait quand même pas osé... pas dans leur sommeil, non... elle ouvre la porte et s'arrête. Voilà les deux zigotos devant un colis et visiblement, il y a quelque chose dedans. Autre chose qu'une bombe.

« Nhane, Domino... »

Ils se retournent, elle s'avance, un pas félin. Elle attrape la lettre du bout des griffes et la lit rapidement. Son regard se repose calmement sur le colis et elle sert les dents. Bonne affaire ou arnaque? Elle n'en sait trop rien, et ne sait pas quoi en penser.

« Il est de qui ce colis? »

Elle reposa la lettre auprès de Nhane, prend la puce et l'argent. Rapide jugement, 80 kopecks. Pas sympa, ça, à partager entre eux. Elle juge du regard la puce et la laisse au soin d'une Domino qui bave littéralement dessus depuis cinq minutes. L'argent est là, c'est déjà ça. Elle défait la liasse et tends 27 kopecks à Nhane et Domino. Elle gardera 26 kopecks pour elle. Peu cher payer, mais sinon, ils le lui reprocheront... et autant dire qu'elle n'est pas d'humeur à subir leur chamaillerie.

« Domino, ça te dirait de fouiller la puce? Il est pas question qu'on transporte ça sans savoir c'est quoi. Et vous battez pas, sinon je vous arrache les boyaux et je vous les fais manger, compris? Je vais me doucher, alors pas de bordel. »

Bande de sale mioche, pense t-elle en se retournant, se dirigeant d'un pas simple vers la douche. Elle n'en a pas pour deux heures, mais Domino non plus. Elle entre dans la salle de bain – petite mais on s'en fout. C'est confortable, et y a de l'eau chaude. C'est déjà ça. Et après, on censure. Débrouillez vous. Elle sortira dans 20 minutes, et puis c'est tout.

Alors ? Alors ? Qu'est-ce que c'est ? Penchée au dessus de l'épaule de Nhane, la curieuse petite féline piaffe d'impatience alors que le colis est décacheté avec la lenteur de l'humain de compagnie du vaisseau. Retenant son souffle, les griffes plantées dans le bras du sans-poil, le colis laisse apparaître un petit objet noir et plat qu'elle identifie au premier regard comme étant une électro-puce. Oubliant momentanément la lettre et l'argent, Domino se saisit délicatement de l'objet convoité, la regardant presque amoureusement en ronronnant son contentement. Si l'humain ne la guettait pas du coin de l'œil elle serait déjà en train de jeter un petit coup d'œil sur le contenu du mystérieux disque. La note ne faisant que l'encourager davantage encore. Si au moins Shasha était là, elle aurait pu lui faire les yeux doux, mais ce rustre là était tout bonnement insensible à son charme.

« Nhane, Domino... »

Tiens justement quand on parle du lion. Toute joyeuse, elle se retourne prête à sauter au cou de l'autre féline pour la saluer dans un grand élan d'affection, mais, dépitée, elle s'immobilise en voyant son amie au prise avec le mot.

« Il est de qui ce colis? »
« J'sais pas, le sans visage qui l'a apporté était un peu simplet et à pas su dire... »

De mauvaise grâce elle tends la puce à Shariel. Elle aurait tant aimer fureter dedans... on l'a laissait jamais s'amuser. Shariel semble considérer d'un côté l'argent et de l'autre la puce. Argent, puce. Puce, argent. Domino. Puce, Domino. Domino, puce. Donne la pupuce à Domino ! Namého ! Mentalement elle essaye de convaincre la féline pas commode en tentant de projeter ses pensées vers elle. Ah oui gagné ! Trépignant littéralement autour de ses deux amis, Shariel craque et lui rend la précieuse puce. L'argent que lui tend Shariel finit négligemment glissé dans son décolleté, puisqu'elle n'a pas de poche, ayant laisser ses vêtements dans la chambre.

« Domino, ça te dirait de fouiller la puce? Il est pas question qu'on transporte ça sans savoir c'est quoi. Et vous battez pas, sinon je vous arrache les boyaux et je vous les fais manger, compris? Je vais me doucher, alors pas de bordel. »

Shariel n'a pas finit sa phrase que le cri de joie de l'autre féline s'estompe déjà et que son pas s'éloigne jusqu'à la cabine. La jeune féline n'attendait que ça, si Shasha était en plus d'accord au moins n'aurait-elle pas à les surveiller pour ne pas se faire prendre en hackant ce concentré de données mystérieux. Enfilant en vitesse un vieux jean et ses chaussures anti-grav', elle attrape quelques câbles de connexion et glisse jusqu'au poste de pilotage, tout excitée. De là elle insère la puce dans le lecteur du vaisseau et, repoussant ses cheveux pour dégager ses slots, se branche à la console du poste de pilotage. Bien qu'impatiente, la jeune féline s'efforce de se calmer peu à peu avant de commencer. Inspirant un bon coup elle enclenche la connexion, frissonnant en sentant le courant d'information défiler entre son implants et le système du vaisseau, puis rapidement tout autour d'elle se fond en un monde de nuance de gris. C'est si calme. Comme toujours, c'est si tentant de rester là, à l'abri. Non, on l'attends dehors, il faut se bouger. D'une poussée mentale, elle se dirige vers la puce électronique, dont elle fait plusieurs fois le tour en utilisant différents programmes de scan. Le temps de finir les analyses, elle "ouvre" ses yeux pour que Nhane puisse voir ce qu'elle fait, et qu'en cas de soucis il puisse la ramener en enclenchant la procédure d'urgence vitale. Avec un dernier coup d'œil sur son pare-feu et ses inhibiteurs neuraux, la jeune féline plonge à l'intérieur de la puce, pour une danse le long d'un fil ténu, espérant avoir placé suffisamment de filet pour être rattrapée au moindre problème.

Cette clef USB, c'était une mauvaise idée. Elle le savait, mais elle n'y pouvait rien, pas vrai? Qu'elle grille, qu'elle soit piégée... c'était à peu prêt la même chose. Et ça sentait mauvais. Mais en contrepartie, elle ne pouvait pas prendre le risque de transporter quelque chose comme ça, sans savoir ce que c'était. Un minimum de sécurité, comme qui dirait. Elle enleva ses vêtements et entra dans la douche. L'eau était brûlante, mais la féline adorait tout simplement la chaleur. La vapeur fit un rempart sur les vitres de la douche. Elle n'entendait plus rien. Domino devait travailler, et Nhane réfléchir. C'était assez monotone... combien de temps qu'ils se connaissaient? Elle avait rencontré Nhane il y a bien longtemps. Il avait grandi. Ils avaient perdu des compagnons. Une cent visage... Thorin, aussi. Il était mort, en quelque sorte. Elle ne l'avait pas aimé, celui-là. Au final, ils s'étaient perdus de vu. Elle avait rencontré plus tard Domino, puis elle avait retrouvé Nhane. Pourquoi être restait avec lui alors? Alors que même Domino ne semblait pas l'aimer? Car c'était comme ça. On choisissait pas. Elle avait longtemps vécu seul.. puis Nhane était arrivé. Elle s'était habituée. Il était partit, et comme un retour de claque, il y avait eu un vide. Domino... elle l'avait prise car elle était seule. Moment de faiblesse. Elle arrêta l'eau et sortit de la douche, s'enroulant dans une longue serviette. Bien. Un colis, anonyme, avec de l'argent et des données secrètes. Un endroit où rendre le fameux colis. Ça sentait mauvais, réellement mauvais. Il avait eu pas mal d'aventure, avec Nhane. Ma, puis aussi l'homme en noir... ça sentait vraiment mauvais. Elle enfila son change, bourrant dans la machine ses affaires sales. Elle sortit de la pièce, attachant ses cheveux avec un élastique. Mal attaché, mais on s'en fout totalement. Nhane regardait Domino, Domino qui regardait dans le vague. Elle fit une grimace, demandant en s'approchant :

« Alors, comment ça se passe? »

Pas vraiment rassurée, la lionne.

"Dada-dee-dada-dou-dee-dadou... Rien d'anormal à première vu sur la puce... Enfin à priori... C'est trop simple." Domino, sur de son fait s'amuse quand même à aller chatouiller la puce pour une recherche plus approfondie par précaution, mais il n'y à rien de plus qui se démarque de l'ordinaire. Pff... même pas drôle... La jeune féline passe donc à l'étape suivante et se chante une porte ouverte pour accéder au contenu de la puce.

Contenu qui apparait sous la forme de neuf porte-documents avec un nom associé à chacun. "Pee-pei-pala-pop-dee-de-dou-dap-padap... Dossiers, dossiers, apparaissez !" Allez on montre ce qu'on a dans le ventre ! Encore un petit coup de Sys-Scan, mais en plus rapide cette fois, les noms des dossiers l'amuse beaucoup et elle à hâte de voir à quoi ressemble les gens correspondant à ses noms.

Alors, alors... Lequel en premier ? Celui-là, se demande-t-elle en faisant s'approcher le premier dossier, ou celui-ci, en tâtonnant le dernier. "Amstramgram, ça s'ra toi qui se déballera !" Le numéro neuf donc... Melina Xanis... Xanis ça ressemble à canis, elle aime pas trop les chiens, ils sont pas dignes de confiance puis ils passent leur temps à vous renifler le... Beuh, une vieille. Pis elle à une sale gueule... p'têt qu'elle est de la famille à Ma' ? elles ont le même air mais en moins massif celle là. Les quelques photos ne montrent pas grand chose d'intéressant. Au moment de rebrousser chemin vers un autre dossier, elle tombe alors sur la vidéo qu'elle lance, intriguée.

Le décor ressemble aux favellas, mais elle ne connait pas bien le coin. Tout ça ne lui dit rien qui vaille, il y à un truc qui cloche, ça sent le chien mouillé. Reportant son attention sur la vidéo elle arrive juste à temps pour voir un autre homme commencé à parler à la vieille moche (même pour une humaine), quand d'un coup des signaux d'alerte la font bondir sur ses pattes, le poil hérissé.

Code:

ALERTE
ALERTE
TENTATIVE D’INTRUSION DU SYSTÈME
PREMIER FIRE WALL ROMPU
ALERTE
VEUILLEZ DECONNECTER LES SYSTÈME DE CONTRÔLE DU CERBERUS DU RHEZO

Oh shit, ça craint ! Elle aurait du voir venir le coup, c'était bien trop facile ! Feulant une série de jurons Dimarisien, la jeune féline se lance dans sa contrattaque sans plus attendre. Toutes griffes dehors, elle lance en simultané son VBP et érige son pare-feu offensif, hors de question pour elle de se déconnecter sans se défendre un minimum ! Pendant que son pare-feu se met en place de manière à prendre le relais du premier, elle paramètre son VBP pour lancer une série de leurres défensifs pour perturber la tentative d'intrusion, puis des leurres offensifs pour faciliter le passage de son propre virus à travers le pare-feu adverse. Elle sait qu'elle n'a que peu de temps et qu'a tout les coup Sha et Nhane la déconnecteront avant qu'elle ne fasse grand chose d'autre, mais si elle peut ne serait-ce que percer un tant soit peu les défenses de l'autre, elle saura surement trouver quelque chose pour l'identifier.

Un chat ne donne que très rarement sa confiance à quelqu'un et à quelque chose. Domino avait pourtant toute la confiance possible de Shariel, et ce, sans qu'elle ne le sache. C'était une chose dont Shariel elle même n'avait pas conscience : elle aurait pu jouer sa vie entre les mains de Domino ou de Nhane sans douter une seule seconde. C'était une affaire de sixième sens, sans doute. Shariel reste calme, un peu trop même. Elle est crispée. Elle sait qu'à chaque piratage de donnée, elle risque sa peau – la sienne et celles des deux personnes qui l'accompagnent. J'ai toujours plus ou moins pareil, quand on y pense. On reçoit un colis, on pirate, et après, on fait notre petite affaire. C'est stressant. Shariel regarde l'écran, sans un cillement.

Elle est consciente du danger, et elle est prête à aller jusqu'au bout. Sur l'écran, des images qui défilent, sur le vif. Des chiffres, des numéros, en série. Le regard de Shariel ne bouge pas. Elle fixe toujours l'écran, absorbée, et ne détourne même pas les yeux quand Nhane s'adresse à elle. Elle ne pourrait pas, même si elle le voulait. Elle enregistre les données, les assimile, les digère à une vitesse impressionnante. Seize informations peuvent être traiter par le subconscient à la seconde. Seize. En temps normal, un être n'en assimile que deux, et encore. Autant dire qu'en pleine réflexion, le cerveau du félin se gorge d'information. Comme une éponge. Bras-droit d'un gang... du gang... le rétine du félin se rétracte violemment. L'alarme résonne dans son crâne. Un bruit qui se répercute dans tout son corps. Tous ses muscles se bandent, si brutalement que ça fait mal.

Shariel sursaute finalement, le frisson passait, et jette un regard à Nhane, un sourire crispé sur le bout des lèvres.

- C'était quelques part par là...
Gestionnaire...
Gestionnaire Rhézo.

Arf... Il était par ici !

Là !

Shariel resta droite, sans rien dire, ni rien faire. Une fois Domino déconnectée, la minette allait avoir le droit à une sacrée raclée, à moins que... non. Elle ne devait pas intervenir. Elle n'avait pas le droit. Si le Cerberus était vraiment infesté par un pirate « du dehors », il serait out. Ça ne pouvait pas être une bonne chose. Si ils perdaient le Cerberus, ils perdaient tout. Logis, de quoi se laver... tout. Shariel ne bougea pas et décrispa les dents, lentement, posant son regard ambre sur Nhane, avec un sourire forcé. Elle était d'accord avec lui, mais être d'accord avec lui revenait à ne pas faire entièrement confiance en Domino, et donc la vexée pour quelques temps. Autrement dit, Shariel ne prendrait aucunement position. C'est Nhane qui avait débranché Domino, et pas Shariel.

- Domino...?

Inquiet? Nhane l'était. Vous savez, Shariel était convaincu sur les félins avaient un sixième sens. Persuadée, je vous le dis.

L'environnement virtuel défilait devant les yeux de la jeune félynoïde et sur les écrans de contrôle du vaisseaux, pour Domino son environnement montrait des murs qui s'étiolait à vitesse grand V tandis que d'autres résistaient un certains temps pour laisser la place à d'autres qui s'érigeaient tout aussi vite. Malgré toute l'énergie et la hargne qu'elle y mettait, Domino sentait qu'elle perdait peu à peu pied dans ce monde virtuel, son adversaire devait déjà être aux aguets prêt à frapper, les signaux d'alerte défilent de plus en plus vite et de plus en plus nombreux, forçant la félynoïde à abandonner certaines parcelles et à les isoler. Elle le sens, c'est foutu, elle devrait lancer la déconnexion et sortir du système mais elle est bien trop fière ou bien trop têtue pour le reconnaitre et s'y résoudre, juste à ce moment là, son adversaire du faire un faux pas dans un excès de confiance, une des contremesures de Domino lui revient avec des parcelles de données arrachées à son adversaire. Elle jubile un instant, petite victoire mais une revanche quand même pour elle, comme un dernier coup de griffe sur la joue pour dire qu'elle n'est pas finit.

Figaro.

Figaro ? C'est quoi ce b... ? Dans son monde virtuel, la félynoïde pousse un long cri de douleur inarticulé alors que tout s'éteint brutalement, la connexion ayant été brutalement coupée. Dans le monde réel, son corps se cambre avant qu'elle ne se mette a convulser en bavant légèrement, avant de retomber inerte dans le fauteuil. 1, 2, 3 secondes sans réaction, 4, 5, 6,... Domino ouvre soudainement des yeux aux pupilles dilatés en prenant une longue inspiration comme si elle venait presque de se noyer. Un haut le cœur et une violente nausée et la voilà qui bascule sur le côté pour vomir tripes et boyaux aux pieds d'un Nhane déconfit en frissonnant violement. Qu'est-ce qu'elle a horreur des déconnexions sauvages ! Au moins n'a-t-elle pas subit de dommage... Encore barbouillée, elle marmonne vaguement un : "Salopard je l'avais presque..." peu convaincant.

Désolée pour le sol, Sha... et euh... pour tes pieds Nhane...

A genoux, prostrée dans le fauteuil, elle ferait presque comique ainsi perdue dans ses pensées. Figaro ne lui est pas inconnu, avec un peu de chance elle pourrait même retrouver sa trace, si Nhane se sent prêt pour un petit tour dans les rues de la Méchapitale et avec beaucoup de chance elle pourrait lui faire bouffer son clavier avant la fin de la journée... L'idée était séduisante...

Et ça convulse, et ça gerbe sur le sol, et ça salit mon sol... vous savez quoi? C'est pas grave. Shariel garde un œil paniqué sur le corps alors inerte sur le fauteuil. Son poil s'hérisse violemment sur sa nuque et elle sent le frisson qui lui remonte l'échine, elle le sent qui ne s'arrête pas et lui bloque la respiration l'espace d'un instant... le temps qu'elle reprenne enfin connaissance et gerbe. Les paupières du félin clignote, une, deux, trois fois. Oui, oui... c'est sûr, elle est vivante cette folle! Cette conne! Alors que Nhane gueule sur Domino, le myocarde de l'autre félynoide se calme dans sa cage thoracique, devenant plus doux, plus calme... quelle conne. Elle a eu peur pour rien. Elle passe une patte sur son visage, comme pour se redonner de la substance... en vain.

« Sale matou, tu es vraiment idiote.... En fait, je n'aurais pas dut te déconnecter. Tu te serais bien amusée, hun ! Tu aurais eu une belle mort. Une mort propre. »
« Arrêtes de dire des conneries Nhane, on sait que t'as eu peur. » Shariel s'avance, sérieux, ajoutant du bout des lèvres : « Comme tout le monde. »

Elle pose sa patte sur le visage de Domino, écartant sa paupière. Son regard croise celui de la jeune félynoide. Pas morte la bestiole. Bien. C'est cool. Shariel lève la patte et lui colle une giffle monumentale, mais rentre les griffes. On ne doit pas laisser de marque, c'est la règle. Les marques, ça fait sale, et c'est chiant. Ça donne toujours lieux à des questions en plus...

« Nouille! » Shariel gueule sur le moment avant de reprendre, toujours aussi incisive. « Quand je te dis que tu peux jouer avec, je parlais de la puce, pas de ta vie, petite saloperie... » Elle grogne, montre les crocs. « Tu as de la chance d'être encore vivante, et tu devrais dire merci à Nhane de t'avoir sauvé la vie... et ce que tu as salis, tu le nettoieras... mais avant... » Elle baisse les oreilles et la fixe, reprenant plus calmement : « Tu as vu ou trouvé quelque chose...? »

Shariel le regarde, calme... bon. Au moins, elle n'est pas morte. Si elle n'a rien trouvé, c'est pas plus grave, non?

Pendant un très bref et très vague instant la jeune fély eut la vague impression de voir une once d'inquiètude sur l'impassible visage de Shariel, mais ça devait être à cause de la déconnexion sauvage. Nhane lui par contre faisait très bien l'humain furieux, coller lui des poils et il aurait fait un parfait grizzly nain miniature. La plupart de son monologue se perdit dans les brumes du cerveau de Domino qui avait l'impression de sortir du lave linge après un cycle expresse.

- Espèce d'imbécile ! Tu croyais vraiment pouvoir l'avoir ! Hun ! Tu croyait vraiment pouvoir battre n'importe quel hackeur ! T'aurais put y laisser la peau ! Regarde dans quel état tu es... Si je ne t'avais pas déconnectée, tu serais morte et l'ordinateur du vaisseau serait détruit., ce qui dans l'état actuel de la jeune fély semblait plus grave que le fait d'avoir faillit y laisser son pelage.
- Sale matou, tu es vraiment idiote.... En fait, je n'aurais pas dut te déconnecter. Tu te serais bien amusée, hun ! Tu aurais eu une belle mort. Une mort propre. Stupide...

Ça, la fin, Domino l'avait comprise, émergeant un peu plus. Il avait raison, elle avait agit stupidement et même si elle ne le reconnaitrait jamais ouvertement, elle aussi avait eu la frousse de sa vie. Avant qu'il ne puisse faire un pas en arrière pour retirer ses chaussettes la féline s'était dépliée comme un ressort et avait passée ses bras autour du cou de l'humain pour le serrer contre elle. Elle n'avait rien à lui répondre et elle n'aurait pas pu lui répondre. Une brève étreinte silencieuse, la seule chose qui aurait pu trahir la jeune féline fut l'unique larme qui perla au coin de ses yeux.

Arrêtes de dire des conneries Nhane, on sait que t'as eu peur. Shariel apparait dans le champs de vision de Domino, avec son air sérieux et réprobateur.Comme tout le monde. Surement la seule et unique concession qu'elle fera sur ce sujet là et qui eut d'autant plus d'effet sur l'imprudente vu comment Shariel était avare de ses émotions.

Elle pose sa patte sur le visage de Domino qui se détend à ce contact en relâchant l'humain. Elle croise le regard de Shariel un moment, qui parait satisfaite de ce quu'elle voit... puis sa tête part sur le côté avec un clac retentissant et une douleur cuisante sur la joue. De surprise, Domino porte la patte sur sa joue, elle avait presque cru y échapper... elle croise une nouvelle fois le regard de Shariel avant de baisser la tête, penaude.

Nouille ! Quand je te dis que tu peux jouer avec, je parlais de la puce, pas de ta vie, petite saloperie... Tu as de la chance d'être encore vivante, et tu devrais dire merci à Nhane de t'avoir sauvé la vie... et ce que tu as salis, tu le nettoieras... mais avant... Domino rentre la tête dans les épaules instinctivement, prête à encaisser une nouvelle gifle qui ne vient pas, Shariel semble soudain plus calme et Domino souffle de soulagement Tu as vu ou trouvé quelque chose...?

Domino prend le temps de masser sa joue endolorie avant de reporter son attention sur les autres qui attendent son compte rendu. D'ordinaire, elle aurait surement emmerdée Nhane en lui détaillant toutes les actions et pièges qu'il lui avait fallut franchir pour arriver à ses fin mais là, étonnamment elle reste simple et concise.

Le ou les hackeurs qui m'ont prise par surprise devaient attendre qu'on se connecte, vu la vitesse de réaction, il devait être à l'affut et je me suis faite avoir comme une débutante... J'ai pas pu glaner grand chose, on m'a déconnectée trop tôt... mais j'ai le pseudo d'un ou du hackeur : Figaro. Ce type est plutôt doué, assez pour travailler en freelance à droite à gauche... La féline prend une pause théâtrale sans pouvoir s'en empêcher avant de sourire, presque fière d'elle ... Un type qu'on devrait avoir du mal à trouver... sauf quand on sait où chercher ! Notre pigeon habite la Méchapitale, quelque part sous nos pieds, un jeu d'enfant pour toi Nhane, non ?

Oh que oui elle est fière d'elle, elle en ronronnerait presque, de ça et surtout d'avoir réussi à flanquer la frousse à Nhane ET à Shariel en même temps... même si c'était pas voulu.