6h07 standard. Ed parcourt les coursives d'entretien d'un pas plus qu'énergique, suivi de près par un chariot à reconnaissance vocale. Le com intégré ne cesse de hurler des instructions depuis un quart d'heure. Tandis qu'il ouvre une énième porte de sécurité avec son pass dont l'accréditation de technicien d'entretien lui vaut de pouvoir se faufiler presque partout au niveau Commun, il prête une oreille distraite à la voix qui se fait entendre.
" La source de l'avarie d'éclairage des niveaux 132 à 148 a été identifiée comme un sabotage, les forces de sécurité se déploient pour essayer d'attraper les coupables. Que tous le personnel suive les consignes de son chef d'unité. Les groupes B27 et B28 sont appelés d'urgence à l'étage 149, où une nouvelle extinction d'éclairage vient de se produire. Les forces de police sont aussi en mouvement pour assurer la protection des techniciens et capturer le saboteurs. Groupes D9 et D11, dirigez vous ... "
Encore un sabotage, se dit Ed. Ca ne fera que le troisième ce mois. Encore un coup de ces éco-terroristes de Malaxian. A moins que ce ne soit les psy-actifs, cette fois ci. Toujours la même chose, réclamer "leur juste place dans la société". Dans une cellule, voilà où est leur place, oui !
La lueur rouge des éclairages de secours donnait au couloir parcouru de canalisations et de câbles en tous genres une ambiance de fin du monde. Ce serait exactement pareil, la fois où ces malades réussiraient à faire du dégât. Sauf qu'ils pourraient pas réparer. Et que ce serait vraiment la merde. Surtout pour les gens comme lui. Les richards, les politiques, ils avaient des navettes personnelles, c'était pas un problème. Mais l'astroport avait pas les capacités d'évacuer tout le monde dans des délais courts. Il le savait, ça faisait partie de son boulot, les urgences. Si jamais ils réussissaient vraiment leur coup, la prochaine fois ...
La vision du câble sectionné le sortit de ses pensées. Suivant les instructions, comme cinq autres agents, il entreprit de manipuler le robot pour accoler les deux morceaux, puis rengainer par vaporisation de synthé-caoutchouc. Et voilà. A peine cinq minutes de travail. Non seulement ces terroristes étaient des malades, mais en plus ils étaient pas foutus de saboter dignement un pauvre système d'éclairage.
Un léger ronflement se fit entendre tandis que les lampes se rallumaient, prenant le relais sur l'éclairage de secours, et l'éblouissant un instant. Maintenant, retour au début de la coursive, pour inspection en règle. Au cas où il y avait un autre truc. Il n'y aurait rien, bien sûr, et il allait encore y passer sa journée, mais bon ... c'était son boulot. Pas si mal payé, et de temps en temps, il se sentait presque un héros.