Chiffres, mots, lettres, alphabets dont vous ignoriez jusqu'à l'existence, transitent en un flux puissant et ininterrompu sous vos yeux. Messages codés ou en clair, langage humain ou informatique, ils forment des faisceaux lumineux dans cette semi-apesanteur qui vous environne, en quittent un pour en rejoindre un autre, symboles luminescents qui défilent trop vite pour que vos yeux puissent les percevoir autrement qu'en tant qu'images rémanentes sur votre rétine ... Les flux ondulent, se courbent, se rejoignent, bifurquent, se séparent pour mieux se retrouver, plongent dans l'une de ces gigantesques tours monolithiques d'un gris acier, certaines colossales, d'autres minuscules, mais chacune semblant flotter dans les airs. Autour, un abîme ténébreux au dessus, ou bien à côté, à moins qu'il n'environne cette étrange cité dans laquelle vous glissez par la seule force de votre pensée.
Difficile de trouver un haut ou un bas, une lumière diffuse sans source éclaire cette partie du Rhézo, celle que vous avez pénétré en ayant quitté votre propre tour, votre point d'accès au Rhézo. S'il s'agissait d'une borne individuelle, elle n'est qu'une mince perche, mais malgré sa finesse, vous savez où elle se trouve, et de laquelle il s'agit parmi les centaines de ses semblables qui l'environnent. A moins qu'il ne s'agisse d'une de ces impressionnantes colonnes, peut-être le siège de votre entreprise, ou encore un terminal militaire ... mais là aussi, un mystérieux sentiment vous permet de savoir laquelle est la votre.
Et heureusement. Car sans cette tour, il n'y a pas de retour en arrière possible, vers votre corps, vers votre vie physique et matérielle.